San Juan de Chamula – Chiapas, Mexique

Lieu de pèlerinage de la communauté Tzotziles, l’église de San Juan de Chamula est un centre de pratiques chamaniques ancestrales. Une expérience unique que j’ai eu la chance de vivre lors de mon périple à travers le Chiapas, au sud est du Mexique.

Petit pueblo de 3400 habitants, San Juan de Chamula est un village du Chiapas, à 10 km et 30 minutes de collectivos de San Cristobal de las Casas. Inutile de chercher les horaires des collectivos. Il y en a toute la journée mais le dernier est vers 19h. Il n’y a pas d’horaires, ils partent juste quand le van est plein. 

Qui sont les Tzotziles ?

Pendant mon trajet pour me rendre à San Juan de Chamula, j’ai eu la chance de me retrouver à côté d’une mamie Tzotzile aux cheveux tout juste grisonnants et son petit fils qui avait une vingtaine d’années. Cette dame était belle et élégante. Assise à ses côtés, ses longs cheveux tressés paraissaient doux et soyeux. Puis j’ai eu envie de lui parler. Compliqué, elle ne parlait que le dialecte des Tzotziles… Mais comme je vous l’ai déjà dit, en voyage une seule langue est utile, celle du sourire mais on sait jamais… j’ai quand même appris quelques mots 😀

Leote= hola • Tachibat = adios • Colahaoual = gracias

Les tenues traditionnelles des Tzotziles

Les femmes sont reconnaissables avec leur grande jupe noire en laine. Ma voisine du bus à la sienne depuis 8 ans et elle la porte tous les jours de l’année. L’été elle n’a pas chaud et l’hiver ça la protège. Elle m’assure que la chaleur de la laine se régule en fonction de la température extérieure.

C’est un peu comme au Maroc quand ils te parlent de leurs babouches climatisées. Les femmes portent aussi une grande ceinture qu’elles nouent par dessus leur chemisier en satin gansé et brodé main de multiples couleurs. Ca me rappelle le Pérou où en fonction de la couleur de pompon que tu as tressée dans tes cheveux on sait si tu es célibataire, combien d’enfant tu as, si tu es open ou pas, de quelle île du Lac Titicaca tu viens… Hyper pratique en soit non ? On gagnerait du temps avec ça… Plus besoin de Tinder ! 

Mais le plus passionnant à San Juan de Chamula, c’est son église si mystérieuse dans laquelle j’ai eu la chance de pénétrer. 

L’Eglise de San Juan de Chamula et les rites chamaniques

Plusieurs personnes m’avaient parlé de l’église de San Juan de Chamula mais je n’avais pas idée de ce qui m’attendait… Quand je suis rentrée, je me suis assise par terre dans un coin pour observer et essayer de comprendre ses rites incroyables, quand deux hommes bourrés ont débarqué…

Le peuple des Tzotziles pratique sa propre religion et ses propres rites chamaniques. L’église Bautista de San Juan de Chamula ne ressemble à aucune autre église dans le monde. Classique de l’extérieur et enivrante à l’intérieur. Le dernier prêtre est parti en 1867 et l’évêque n’y est toléré qu’une fois par an pour célébrer les baptêmes. 

Tous les bancs ont été enlevés, les statuts décrochées et posées au sol pour certaines. Le sol est jonché d’épines de pin fraîches qui parfument l’ensemble de l’espace et masquent même l’odeur de poulets morts. Et oui, les rites chamaniques inclus des sacrifices, et notamment de poulets. Je te laisse imaginer ma tête quand je suis rentrée et me suis retrouvée face aux volailles (je fais partie des traumatisée des plumes…).

Mes rencontres à San Juan de Chamula

Sinon comme je te le disais, j’ai fait quelques rencontres assez incroyables dans l’église de San Juan de Chamula. Deux mecs bourrés sont venus me coller aux basques alors que j’étais assise dans un coin pour observer et savourer cet instant. Plutôt lourds et sans intérêt, je me suis donc levée quand un groupe de femmes est venu me « sauver ». 

C’était une mamie, sa fille et la petite fille. Elles étaient en train de prier avec leur ligne de bougies collées au sol, à genoux dans les épines de pin, et elles me souriaient. Puis la fille, qui devait avoir mon âge me tend un verre et me propose un truc à boire… Est ce une potion magique ? Un jus chamanique qui va me donner des ailes pour les trois prochaines heures ? Ah non… en fait c’est juste un verre de Sprite… Ah ok (j’ai eu un peu l’air con 10 secondes)… J’ai du resté 20 minutes avec elles, juste pour les écouter et les regarder.

Puis j’ai avancé de 10 mètres… Là je tombe sur une famille, ils devaient être 7 ou 8 en cercle par terre. En s’approchant un peu plus je vois que le père tenait un poulet « vivant » dans les mains. Ils récitaient des prières et faisaient tourner le poulet au dessus des bougies pendant au moins 5 min, quand tout à coups, tu vois la tête du poulet se relâcher sur le côté… Bref il était dead ! Je ne sais toujours pas s’il est mort étranglé ou suite aux prières… suspens puisque d’après ce que j’ai lu, lors des rites et prières ils renvoient les maladies et malédictions sur le poulet, d’où le sacrifice. 

Sinon côté ambiance sonore, les enfants courent, rigolent, parlent, les portables sonnent. Pas vraiment le même silence que chez nous. Puis si tu veux un peu plus d’ambiance, tu demandes à la gamine qui s’amusait avec les bougies à côté de moi de mettre le feu aux aiguilles de pin comme elle a fait. Ca anime…

En même temps faut être un peu chelou pour s’amuser à coller des bougies sur un tapis d’épines de pin non ?

Quand je suis rentrée dans cette église j’étais comme hypnotisée, enivrée, subjuguée… les odeurs de pin, mais aussi d’encens, les bruits des prières, des rites, les enfants qui s’amusent à glisser sur les épines, les milliers de bougies qui illuminent le sol, les couleurs. Cela doit se vivre pour comprendre car malgré l’immense envie de partager ça avec toi… tu ne peux même pas imaginer ce qui se passe derrière cette belle porte verte. Et oui… il faudra y aller car les photos et vidéos sont strictement interdites à l’intérieur. 

Mais des petits malins l’ont quand même fait ! Je te laisse découvrir la vidéo.

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Shopping à San Juan de Chamula

Autant il y a des pays où se retenir de faire des achats n’est pas très dur… je pense à la Bolivie ou au Chili par exemple, autant au Mexique c’est impossible. Peu importe le mini pueblo où tu passes, tu trouveras toujours de super choses à ramener. 

Pour ma part j’ai opté pour un plaid noir et blanc à pompons, tout droit venu de la bergerie… il y a même du foin tressé avec les fils de laine. Il tient chaud… c’est un bonheur. Idéal pour mes soirées canap’.

Autre chose que je ne pouvais pas rater, c’est le sac en cuir de chèvre avec rabat en poils, qui j’espère ne gardera pas l’odeur autant que mes babouches de Marrakech. Il a au moins embaumé mon sac durant les 2 semaines restantes du voyage.

Cette journée à San Juan de Chamula restera inoubliable. Ce que j’ai ressenti sur le moment dans cette église et les frissons qui me traversent le corps juste en y repensant me font dire que cela fait partie des grandes expériences de mes voyages… Un peu comme ma soirée Candomblé au Brésil. Je ne peux que te recommander de te laisser aller à faire ce genre de découverte et d’expérience au cours de tes périples. Le vrai voyage est dans la découverte de l’inconnu…

Photos : © Marie Frayssinet (A day in the world – Blog voyage)